La première mention d'une école à Saive remonte à 1689 (Visite archidiaconale).
On y apprend qu'elle était tenue par un maître laïc, Denis le Maire. Cependant, nous pouvons raisonnablement supposer qu'un embryon d'instruction publique (catéchisme, lecture, écriture et arithmétique essentiellement) pris en charge le plus souvent par le clergé (le curé ou le sacristain) était déjà donné aux enfants de familles aisées bien avant cette date.

La cour du Mosty

Hameau du Mosty - Rualle Robaye

Suite à l' impulsion de la Révolution française et la définition du droit à l'éducation (placée sous la responsabilité des autorités civiles), une nouvelle école dirigée par l'instituteur Graillet est créée par la Commune de Saive en 1794. Son emplacement reste problématique. Il devrait s'agir d'un corps de bâtiments cédé par la comtesse de Méan et situé dans une petite cour au Mosty (dans la "rualle Robaye", cour qui existe toujours), mais ces bâtiments sont en ruine. Apparemment, la rénovation ne se fera qu'après 1812 et par un privé qui en assurera l'entretien.
Durant ces premières années, l'école communale est tenue par différents instituteurs payés par les cotisations des élèves. Comme le nombre d'enfants est assez limité, ces enseignants doivent souvent exercer un autre métier. La pénurie d'instituteurs laïcs compétents, d'une part, et la signature du Concordat en 1801, d'autre part, permettront aux autorités communales de reprendre un ecclésiastique comme enseignant. C'est le cas à Saive avec l'arrivée du vicaire Louis-François Belleflamme. Il est remplacé en 1812 par un laïc du nom de Daniel Lacroix.

En 1806, l'école compte seulement vingt garçons et dix filles. Peu de familles peuvent se permettre à l'époque de se priver des maigres revenus que les enfants leurs procurent. En ces temps-là, le travail dans les manufactures, les charbonnages ou simplement dans les nombreuses fermes était le quotidien de la majorité des enfants en âge d' instruction.

En 1824, c'est Léonard Joseph Demolin qui tient la "petite école élémentaire". Elle est même dédoublée en 1926 puisque un certain Pierre Gueux venant de Barchon, dispense également une instruction publique sur la Commune. Les lieux sont malheureusement inconnus.

Le presbytère

Le presbytère et son aile droite aménagée en école au XIXe s.

En 1831, la commune acquiert une ancienne grange joignant le presbytère pour y déménager l'école. Après bien des difficultés pour obtenir une aide financière (déjà à l' époque !), les autorités communales vont en 1838, y aménager un nouveau local. Malgré la persistance du travail dans les fabriques et mines imposé aux enfants des familles les plus pauvres, le nombre d'élèves ne fait que croître. L' instituteur se nomme alors Jean Cornesse (Il restera presque vingt ans en place).
Reste un point noir, le manque de formation pédagogique des enseignants. Ce n'est qu'en 1853 qu'arrive à Saive le premier instituteur diplômé, Cléophas Dubois.
En 1858, une circulaire gouvernementale tente de réorganiser l'enseignement communal. Elle propose que les instituteurs soient désormais payés par le receveur communal (et plus par les parents), que les programmes soient harmonisés (lecture et écriture pour tous) et que les bons élèves soient récompensés en livres mais aussi en vêtements pour les plus assidus (et ainsi motiver les parents à inscrire leurs enfants à l'école). Elle ne sera appliquée à Saive que bien plus tard ...

La rue Haute

L'ancienne école à front de rue Haute. Elle sera démolie en 1970. © G.Abraham

Dès 1860, plus de 100 enfants fréquentent l'école. Le bâtiment du presbytère devenu insuffisant, la commune décide de faire construire de nouveaux bâtiments avec préaux, avant-cour, jardin, un logement pour l'instituteur et une petite salle réservée à l'administration communale. Le choix se porte sur des terrains libres le long de la rue Haute. Appartenant à la fabrique d'église, ils seront échangés contre l'annexe du presbytère rétrocédée à la fabrique.
L'école est opérationnelle peu avant 1865. Il était grand temps, le nombre d'élèves étant monté à environ 130 ! Cette école va rester en état pendant 100 ans.
Avant l'édification de l'hôtel communal en contrebas, le bâtiment à rue abritera, un temps, les services communaux ainsi qu'une première bibliothèque et plus tard, une école pour adultes (jusqu'en 1922).

De 1872 à 1900, c' est Monsieur Warnotte qui sera le « Maître » de Saive.
La fréquentation ne fait que croître mais l'école ne compte encore qu' un seul instituteur !
L' année suivante, celui-ci reçoit enfin l' aide d' un assistant pour prendre en charge toute cette marmaille mais cela ne suffit pas.
En 1877, l’administration communale décide la création d'une école de filles, ce qui nécessite la construction d'un nouveau bâtiment (Maison d'école -1881). La première institutrice s'appelle Jeanne Magis. Elle fait preuve de zèle et de dévouement dans la mise en place de cette nouvelle section qu'elle dirigera durant 32 ans. Elle était également en charge du cours de religion et ceux de l'école d'adultes.

Le XXe siècle

La soupe scolaire en 1917

Les rangs de l'école descendant vers l'église

Le 30 septembre 1900, monsieur Warnotte fait valoir ses droits à la retraite et c'est un instituteur de Wandre, Jean Joseph Lebois, qui lui succède. Il est secondé en 1908 par Henri André, un instituteur remarquable qui formera des milliers d'enfants durant sa longue carrière qui s'achèvera en 1952 ! Parallèlement, arrive à l'école Catherine Breck, une jeune institutrice de Queue-du-Bois en remplacement de madame Lebois-Touchard décédée en 1906.

Au début de 1914, la Chambre et le Sénat votent la loi instituant l'enseignement primaire obligatoire jusqu'à l'âge de 14 ans, mais la guerre mondiale déclenchée en août empêcha l'exécution de cette réforme jusqu'en 1919. Pour la gratuité des cours, c'est plus subtil puisqu'en pratique un grand nombre d'élèves (voire la totalité) bénéficient d'une aide de la commune depuis le début du siècle.

Durant la guerre 1914-18, la vie de l'école est en veilleuse. L'administration crée divers organismes de secours: l'aide aux chômeurs, la soupe populaire, la soupe scolaire pour les écoliers. Le personnel enseignant participe aux activités de ces comités. A l'Armistice (1918), les troupes allemandes refluent vers leur pays. Certaines passent par Saive et occupent l'école.

Monsieur Lebois, décédé en 1917, est remplacé par Lambert Coolen qui officiera à Saive jusqu'en 1957. Entre les deux guerres, l'école continue de grandir et le corps enseignant se renouvelle au gré des départs et décès. Retenons encore quelques noms comme Madame Maréchal qui fera aussi une belle et longue carrière au village de 1919 à 1957.

En 1925, est décidée la création d' une classe pour les plus petits. L'école gardienne (comme elle s'appelait alors) est née. Sa première enseignante s'appelait madame Delvaux, institutrice chevronnée qui prendra sa retraite peu après (1931). C'est madame Mabille qui va lui succéder jusqu'en 1960 ! Bien d'autres les suivront dont mesdames Baert et Leclercq dans les années 1960.

La nouvelle école

La maison communale et les écoles en 1980

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L'école comptait au début des années septante environ 90 garçons pour 4 enseignants primaires, 70 filles pour 3 institutrices primaires et 70 petits pour 2 institutrices du maternel. C'est à cette époque que sera entamée la construction d' une nouvelle aile en briques toute en longueur à l' arrière du site.
Suite aux travaux préparatoires, un pignon de l' ancienne école des garçons va s' effondrer, ce qui entraînera la démolition de celle-ci, ne laissant sur le site que l' ancienne aile de l' école des filles réutilisée depuis comme bibliothèque.

Une belle école maternelle sera ensuite édifiée en 1986, également à l' arrière des anciens bâtiments.

Aujourd'hui, l'école communale de Saive est double et son succès ne s'est jamais démenti. Au point que des projets ambitieux sont à l'étude pour répondre aux défis démographiques futurs. Nul doute que de nouveaux chapitres viendront s'ajouter prochainement.

Le site officiel :  École communale de Saive

Le village dispose aussi à la Haute Saive d'un établissement d’enseignement spécialisé de Type 4 qui accueille des enfants handicapés physiques, l'École d'Enseignement Spécialisé de Saive.

Sources :
Edouard Poncelet, La seigneurie de Saive, extrait du Bulletin de l'institut archéologique liégeois - tome XXII, 1891
Georges Abraham, Histoire de l'Enseignement à Saive, Société d'Histoire et d'Archéologie du Plateau de Herve, Bulletin n°67, 1994
Georges Abraham, Histoire de la paroisse de Saive, asbl"Les Compagnons du Vieux Château", 2010
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