HISTOIRE du domaine
Cette imposante ferme est bâtie sur le domaine du Pihot (ou Pixhot, du wallon "Pixherotte" qui signifie petite source à fleur de terre) et effectivement, en contre-bas, existait par le passé, une mare alimentée par un petit ruisseau émergeant non loin de là.
La ferme est implantée au centre de l'ancienne seigneurie de Parfondvaux relevant de l'avouerie de Fléron et propriété des chanoines de la Petite Table en la Cathédrale de Liège. Cette petite seigneurie possédait sa propre cour de justice mais n'avait ni école, ni église. Elle fut érigée en Commune sous le régime français puis rattachée à Saive (sa voisine au Nord) en 1823.
Si l'on en croit l'étude publiée en 1993 par François Kleinermann de Lance (1), le premier propriétaire connu du domaine s'appelait Jehan Midret. Il possédait des terrains aux alentours dans la première moitié du XVIes. En 1543, la première mention d'une construction (court maison, jardin, preit, tenures et assises) apparait dans l'acte de cession de la propriété à Catherine, femme de Jean le Doyen delle Motte, agissant pour son mari. En 1578, celui-ci, disposant probablement d'une fortune considérable, lègue par testament la cense (=ferme en vieux français) à Louis de Geer, manant de Bellaire. A sa mort, en 1597, son beau-fils Jean Remacle en devient propriétaire. Il va reconstituer l'ensemble du domaine familial en rachetant les parts des autres héritiers pour finalement le céder en 1598 à Olivier de Saive (Prélocuteur et avant-parlier devant les échevins de Liège).
Cette vente marque l'arrivée sur le domaine de notables locaux, la famille « Saive », composée de jurisconsultes et de gens d'église occupant également des charges importantes à la Cour de Parfondvaux. Olivier et ses descendants vont patiemment acquérir durant tout le XVIIes. de nombreux biens voisins, se constituant une propriété conséquente au cœur de la petite seigneurie. En 1683, Olivier de Saive le troisième du nom, chanoine de N-D de Maestricht) lègue la cense de Pihot à sa nièce Anne-Marie de Graty (Le père d'Anne-Marie, dont la famille était originaire de Maestricht, était baron du Saint-Empire, bourgmestre de Liège et seigneur d'Aigremont et des Awirs). C'est assurément à partir de cette époque (1688) que la cense va être divisée en deux entre la demeure du maître (Le propriétaire, qui y résidait à la belle saison) et le fermier (censier). Cette situation perdurera jusqu'à la fin de l'exploitation agricole.
En 1693, pour épurer des dettes familiales, le domaine est vendu à Wathieu Germea puis acquit (retrait lignager ?) par le seigneur Ambroise Loets de Trixhe (avocat à la Cour de Liège) apparenté à la famille de Graty. La famille Loets de Trixhe va posséder le bien durant plus d'un siècle. Elle va être également en charge de l'administration de la seigneurie de Parfondvaux. Un des représentants les plus renommés fut Lambert Walthère de Loets de Trixhe, chevalier du Saint-Empire et chanoine de la Cathédrale de Liège. Il va subir toute la période critique entre la fin de l'ancien régime et l'occupation française, synonyme de réquisitions, pillages et passages de troupes étrangères. A son décès (1806), son frère, Pierre-Ambroise puis la veuve de ce dernier, Marie Catherine de Wampe (1808), vont reprendre la propriété.
En 1843, Marie Lambertine de Lance, épouse de Joseph Hubert Kleinermann, rachète le domaine resté longtemps en indivision. Le domaine et la ferme de Pihot vont demeurer propriété de la famille Kleinermann de Lance jusqu'en 1964.
A cette date, il est acquis par « La Petite Propriété Terrienne » de Liège. Celle-ci va s'empresser de lotir toute la colline environnante, condamnant l'exploitation agricole dont les derniers fermiers, la famille Colin, quitteront le lieu à la fin des années 1970 (voir le film de Philippe Ory ci-contre).
La ferme et le site l'entourant sont classés depuis mai 1986 et cherchent désespérément un repreneur.
L'étang et la ferme (© Philippe Ory 1980)