A l'époque, les faits divers tragiques restaient plus longtemps en mémoire que de nos jours.
A cause d'une erreur humaine, en pleine guerre, il y eu, au Fond de Cohy (entre Jupille et Bellaire), une collision frontale entre deux trams. Le convoi se composait toujours d'une motrice et deux remorques avec un wattman (conducteur) et trois percepteurs. Au début du tram électrique,
lorsqu'il venait encore jusque Saive, les signaux se changeaient manuellement ...
Le jour du drame, le percepteur n'a pas remarqué qu'un signal était passé au rouge. Le convoi s' est donc engagé sur la voie unique. Le wattman surpris en voyant l'autre tram foncer droit sur lui, laissa ses freins ouverts pour que l'autre convoi puisse le pousser en arrière. Malheureusement, un voyageur de la deuxième remorque cria au percepteur “le frein !, on patine” Celui-ci se précipita sur le frein pour l'enclencher, bloquant brusquement le convoi. Le choc entre les deux convois fut terrible. La motrice était équipée de vitres de sécurité, pas les remorques.
La panique qui suivit poussa les passagers à sauter du tram (du moins ceux qui se trouvaient sur les passerelles). D'autres furent gravement blessés dont ma tante, qui étant assise, a reçu un panneau de verre en pleine figure. Défigurée, elle gardera des séquelles de cet accident toute sa vie. Royalement, la S.N.C.V. (Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux) lui octroya un mois de salaire et 4000 francs pour le dommage causé (ce qui équivalait à l'époque à 10kg de beurre !).
* Après vérification, cette collision serait celle qui se produisit effectivement au Fond de Cohy mais à la mi-septembre 1937 (source: Les tramways du Pays de Liège Tome2 - GTF 1985) ndlr.