Introduction
The Great War - The harvest is ripe
Louis Raemaekers - 1914
Le lendemain [5 août 1914], la victorieuse résistance de Liège exalta la Belgique entière ...
... Mais hélas ! En même temps que ce premier bruit exaltant de victoire, nous en arrivaient d'autres qui nous révoltaient d'horreur. La flamme qui rougissait le ciel à nos frontières de l'Est n'était pas seulement celle des canons, c'était celle des incendies. Le sang qui fumait n'était pas seulement celui de la bataille, c'était celui du massacre. Le grand cri que l'on entendait n'était pas seulement le hourrah de nos troupes enthousiastes, c'était le déchirant appel des blessés mutilés, prisonniers torturés, des femmes qu'on violait, des villages qu'on assassinait !
Le général von Emmich, dès ses premiers pas sur notre sol, avait annoncé par cent affiches que les Allemands éprouvaient pour le peuple belge « la plus haute estime et la plus grande sympathie ». On vit tout de suite ce que valent l'estime, la sympathie et l'hypocrisie des barbares !
Pierre NOTHOMB, Les barbares en Belgique, Perrin et Cie : libraires-éditeurs - Paris, 1915
Cent ans que ces événements se sont déroulés, pas à Beyrouth, ni à Gaza ou Damas mais ici, dans un coin de paradis appelé Pays de Herve qui se croyait en paix pour l'éternité. C'était avoir un peu vite oublié son passé. Une fois de plus, le pays subira une guerre abominable dont la cruauté parfaitement industrialisée dépassera de très loin tout ce qui avait précédé.
Ce fut un tournant également dans l'impact sur les populations civiles qui payeront un tribut démentiel en vies humaines et destructions de leurs biens alors que leur seul tort fut d'être au mauvais endroit, au mauvais moment.
Rarement pareilles violences, légitimées par l'envahisseur sur base de simples rumeurs, sèmeront tant de terreur et de désarroi dans des villages traversés par des armées d'une cruauté digne d'un autre âge. Leur seul souvenir sera à l'origine d'un gigantesque exode en 1940 dès que les survivants de cette « Grande guerre » apprendront le retour des armées allemandes.
Ces quelques pages sont une modeste contribution au devoir de mémoire plus que jamais indispensable, et accessoirement l'occasion de faire découvrir un grand nombre de photos inédites des villes et villages après leur dévastation d'août 1914. Elles datent pour la plupart de 1915 ou 1916 et sont extraites d'une collection privée. Je tiens à remercier Monsieur Delfosse de m' avoir autorisé à les publier pour la première fois.
La liste des villages est non exhaustive et ne reflète en rien l'importance des faits qui s'y sont déroulés. Que les habitants de Olne, St-Hadelin, Soiron, Forêt, Ayeneux, Dolhain, Baelen, Magnée et tant d'autres encore me pardonnent. D'autres travaux bien plus complets viendront très certainement traiter de ceux-ci prochainement.
Une référence pour tous ceux qui veulent tenter de comprendre le pourquoi de cette tragédie :
John HORNE & Alan KRAMER, 1914. Les Atrocités allemandes, Éditions Tallandier, 2011
et éventuellement compléter les légendes.
Louis Raemaekers
Louis Raemaekers (1869-1956) né à Roermond, aux Pays-Bas, était à l'origine peintre et professeur de dessin. Il deviendra par la suite dessinateur de presse dans le journal « De Telegraaf » d'Amsterdam.
Il acquit une réputation internationale durant la première guerre mondiale pour ses dessins illustrant les horreurs de cette guerre mais aussi pour son engagement politique qui ira jusqu'à mettre à mal la neutralité des Pays-Bas. Il sera aussi un des plus virulent dénonciateur du pangermanisme.
Vous trouverez en marge de ces quelques pages, quelques-uns de ses plus beaux dessins qui permirent à des millions de gens de prendre conscience des drames qui s'étaient déroulés lors de l'invasion allemande en 1914.
Pour en savoir plus sur l'homme et son oeuvre :
La fondation Louis Raemaekers