Depuis l'origine de la ligne vicinale (1898) jusque la seconde guerre mondiale, les trams étaient tractés par de grosses machines à vapeur fonctionnant au charbon. (Comme celles, aujourd'hui, exposées au musée de Mortroux).
Même lorsque la ligne fut électrifiée, elles desservaient encore le charbonnage du Trîmbleu jusqu'à la centrale électrique de Bressoux.
Saive à l'époque fêtait Sainte Cécile. Elle possédait son drapeau et son harmonie dirigée par monsieur Denis Houbard du Mousset.
Un jour, alors que la promenade musicale touchait à sa fin, l'harmonie se dirigea vers le dernier relais, au Mosty. (Chez ma grand mère où l'ont déposait la veille les instruments encombrants).
Le petit groupe après avoir longé la propriété du docteur Delfosse s'engagea dans le chemin de chez Dethier. Tout à coup, tel un éclair, Toinette, l'épouse de Denis Houbard, bondit sur les musiciens leur donnant une volée de coups de parapluies et leur criant: “ Loukî !! ”.
Le vieux tram entrait dans le village, majestueux comme d'habitude. Ils n'avaient rien entendu !
On comprend aisément que les rondes blanches et noires pointées ne comptaient plus. Il n'y avait plus que des soupirs de soulagement d'avoir échappé aux sabots de ce cheval de fer lancé au galop. Ce jour-là, même le joueur de la petite caisse a enfreint les conseils maternels en buvant plus de pêkêt que de café. Certains ont regagné leur domicile dans la charrette à bras de chez Juvigné et d'autres dans la brouette du cantonnier provincial Adolphe Hanchir.
Grâce au parapluie de Toinette le carnage fut évité.