A Saive, comme dans bien d’autres villages, la vie par le passé, était rythmée par le son des cloches. Le préposé sonnait chaque jour les offices. La journée commençait par l’Angélus à 7h du matin, suivi en semaine, par l’appel pour la messe du matin, à 7h15. La deuxième volée était à midi puis la troisième à 18 heures. S’ajoutait le glas à l'annonce d'un décès ainsi qu'avant les funérailles religieuses (Absoute ou messe des morts de requiem dans le langage de l'époque).
Entre les deux guerres mondiales (1918-1940), Maria Lacroix(1), habitant près de l'église, faisait office de sacristine de l’église de Saive (« Complète », disait-on, en charge des cloches, de la lessive, du repassage et des travaux de couture. Elle était aidée par des volontaires féminines pour le nettoyage habituel, ainsi que de quelques hommes pour le « grand nettoyage ». Par la suite, elle a confié l’entretien du linge aux deux sœurs Machiels, principalement Catherine car Marie travaillait à l'étau chez Jean Leclercq-Rassenfosse (Armurier à la ferme Bietmé en Cahorday). Catherine, plus faible, recevait des travaux plus simples, notamment chez Madame Cerfontaine qui habitait Sur les Heids (En hiver, elle lui payait son trajet en tram).
Durant l’hiver, dès après la Toussaint, toutes deux étaient chargées de sonner le glas, des vêpres (16h) à minuit (jusqu’à 22h pendant la guerre à cause du couvre-feu) et ce dans la froideur de la tour de l’église. Maman Poldine et moi, allions leurs porter du café ou un bol de soupe bien chaude vers 18h, et nous sonnions à leurs places pendant qu’elles mangeaient.
Ce travail n’étant pas payé, Catherine faisait régulièrement le tour du village, passant dans chaque foyer. Les habitants les plus généreux lui donnaient des sous en fonction de leurs moyens mais le plus souvent elle recevait des gaufres ou du pain et était invitée à prendre un café. Avec le fruit de cette collecte, les deux sœurs pouvaient acheter du charbon, un manteau d'hiver avec un imperméable ou une couverture chaude.
Après leur départ de la rue Haute, elles furent logées dans une partie de la maison des vicaires (presbytère) disposant d’un grand jardin qu'elles cultivaient pour se nourrir. Lorsque leur santé se mis à décliner, c'est Guillaume Horion qui intervint pour leurs obtenir de quoi vivre.
Les demoiselles Machiels avaient une nièce habitant Jupille. Celle-ci eu une petite fille alors qu’elle vivait seule. Ce sont les deux sœurs qui se chargèrent d’élever cette petite Marie-Claire(2).
Elles lui ont donné la chaleur et l'amour d'un foyer faisant de cette petite quelqu'un de bien. Rien ne lui fût refusé pour son bien-être et ses distractions dans la mesure de leurs faibles moyens.
Marie-Claire s’est mariée et a eu quatre enfants.
Elle revient chaque Toussaint sur la tombe de ses tantes.
(2) Marie-Claire N. était la petite fille de la sœur aînée des quatre enfants Machiels-Housset.