La seigneurie de saive
Au XIIIe s., la seigneurie de Saive appartenait à la famille de Jupille. Une hypothèse voudrait que Wéry de Jupille qui avait la garde de cet ancien domaine carolingien (dépendant du chapitre de la cathédrale de Liège depuis 1266) se le soit accaparé pour ensuite y bâtir un château (le vieux château féodal) pour marquer son territoire.
Le 1er septembre 1279 est signé l'acte de fondation de la paroisse de Saive par Jean de Jupille, fils de Wéry de Jupille et chanoine de la cathédrale de Liège. Ce document (Charte de l'évêque Jean d'Enghien) énumère les biens de l'église de Saive notamment des terres joignant le grand vivier devant le château féodal (« Castrum ») et le vieux moulin (« ante molendinum », le long du ruisseau Sainte-Julienne).
Cette seigneurie allodiale faisait partie du quartier d'Amercoeur, un des quatorze quartiers de la principauté de Liège. Elle était en partie enclavée dans des territoires dépendant du duché de Limbourg (Cheratte, Housse, Barchon), du duché de Brabant (La Motte) et de terres d'Empire (Tignée).Le domaine de Saive passa aux mains d'un grand nombre de familles qui se succédèrent d'une façon pas toujours amicale comme occupants du vieux château (même si peu y séjournèrent réellement). Plusieurs fois, eurent lieu de véritables luttes armées pour la possession de la seigneurie et de son précieux château, notamment, à la fin du XVe s., quand il fut occupé par la famille La Marck durant la guerre civile qui ravagea le Pays de Liège. Celle-ci vit s'opposer le prince-évêque de Liège (Louis de Bourbon), le peuple et Guillaume de La Marck, le fameux « sanglier des Ardennes ».
Un peu plus d'un siècle plus tard (1590), éclata la rivalité sanglante entre les familles Monsen et Fléron qui à cause d'une querelle d' héritage sur la propriété de la seigneurie, se firent la guerre pendant 50 ans.
Le XVIIe s. fut particulièrement pénible pour la population villageoise régulièrement rançonnée par des troupes étrangères (souvent françaises - voir l'ordre de réquisition ci-contre) notamment lors de la guerre de Hollande.
Dans la seconde partie du XVIIe s., l' influence de la famille Monsen (seigneurs de Saive depuis 1590) va peu à peu décliner au profit de la famille Méan, qui après avoir acquis un grand nombre de biens au village, va racheter la seigneurie en 1692 (Jean-Ernest de Méan). En 1719, Pierre de Méan délaisse le vieux château féodal pour se faire construire en Cahorday une nouvelle résidence plus en phase avec son temps (château des comtes de Méan). C'est là que naquit le dernier prince-évêque de Liège François-Antoine-Marie-Constantin de Méan, qui deviendra le premier archevêque de la Belgique indépendante.
La fin du XVIIe s. sera marquée par la chute de l'Ancien Régime (Occupation française à partir de 1792 puis 1794 et disparition de la principauté de Liège). Le village aura à en pâtir lourdement. Les châteaux seront pillés et les campagnes ravagées par les différentes armées qui les traverseront.