Les origines

Au départ, l'ensemble du Pays de Herve (plateau délimité par la Meuse et Liège à l'ouest, la Vesdre au sud et les frontières hollandaise et allemande au nord et à l'est) était couvert d'une vaste et dense forêt (dont ne reste plus, à l'heure actuelle, que le massif forestier de l'Hertogenwald bien plus à l'est). L’étymologie du nom « Saive », petit village implanté sur les hauteurs de la vallée de la Meuse, proviendrait de cette forêt (qui en latin se traduit « silva »).
Saive fut donc probablement au commencement une clairière au centre de cette immense étendue boisée. Un grand nombre de noms de lieux environnants rappellent également la présence de celle-ci.

Paysage typique du Pays de Herve

Pendant des siècles les habitants vont défricher cette forêt pour la transformer en terre de culture et d'élevage. Progressivement l'aspect des collines va ainsi évoluer pour déboucher sur la typologie classique du Pays de Herve (aujourd'hui menacée par l'urbanisation anarchique et l'agriculture intensive). Apparue vers le XVIe s, celle-ci présente, en dehors de petits noyaux urbains dispersés, de grandes exploitations très diversifiées centrées sur d'imposantes fermes souvent à cours carrées et au corps de logis bâti en pierres et briques (et sur plusieurs niveaux, signe évident de la prospérité de leurs habitants).

Talon de hache polie en silex (Dessin M.Otte - v.1970)

Les origines du village de Saive sont inconnues. Une seule évidence, elles remontent à plusieurs millénaires. Ainsi des vestiges de l'époque néolithique (de -5000 à -2200 av. J.-C.) ont été découverts sur les hauteurs du Mousset par Georges Abraham et le professeur Marcel Otte (ULg) au début des années 1970.
En simplifiant, on peut penser que le village s'est développé le long du ruisseau Sainte-Julienne par la création de premiers hameaux tels que ceux du Mousset, du Grand-Moulin et de Saivelette en aval.

Motte castrale (reconstitution)

Tout à côté, existèrent probablement très tôt deux points de défense ou de refuge : le premier au lieu-dit « La Motte » sur le versant ouest, occupé par l' actuel château de Bellaire. Ce domaine carolingien qui dépendait de la seigneurie de Herstal, abritait probablement une simple « motte castrale » (château en bois), mais à l'heure actuelle, aucune trace archéologique ne permet de confirmer la chose. Tout au contraire du second point de défense supposé : le vieux château de Saive, bâti sur un autre domaine carolingien, celui de Jupille.
Rare trace de cette époque, mais très peu documentée, une tombe datant probablement de la période mérovingienne (vers 700 ap. J.-C.) fut découverte par hasard en 1911, lors de l'aménagement du sentier menant au vieux château.

La première mention écrite du village de Saive figure dans la « Chronique des Évêques de Toul ». Elle décrit que l'évêque Lugdelmus, élevé à ce siège en l'an 895 acquit des terres notamment dans la « villa » de Saive. Par la suite ces terres qui furent la propriété de l'évêque de Verdun jusqu'en 1266, seront cédées au Chapitre de la cathédrale Saint-Lambert de Liège pour que notamment celui-ci s’engage à lutter contre les pillards et brigands sévissant dans la région.

Sources :
Edouard Poncelet, La seigneurie de Saive, extrait du Bulletin de l'institut archéologique liégeois - tome XXII, 1891
Georges Abraham, Promenade historique à Saive - Notes de Toponymie et d'Histoire, 2ème édition, Blegny-Mine, 1996
Adrien Valentiny, La seigneurie de Saive, mémoire de Licence ULg, 2006