Les origines
L'origine de ce château serait carolingienne. (Il va d’ailleurs s’implanter sur des terres dépendant de Herstal, ancien domaine des rois carolingiens). Le lieu, point culminant des premiers contreforts à l'est de Liège, pourrait avoir abrité très tôt une motte castrale (petit château en bois) qui n'aurait laissé aucune trace. Celui-ci dut assez vite, céder sa place à une métairie dépendant au XIIIe s. des religieuses de l'abbaye de Vivegnis. En effet un premier texte, la Charte de Jean d'Enghien, évêque de Liège et datée de 1279, fait mention des dames de Vivegnis et d'un “arx” (situation élevée, citadelle) au lieu-dit “delle Motte”.
Première référence précise, le 10 octobre 1353, Renard de Gore, chanoine de Liège, prend en héritage du seigneur de Herstal “la tenure delle Motte séans asseis près de Saeves”. Par la suite (milieu du XVe s.), elle sera au centre de querelles entre les seigneurs de Herstal et de Saive pour le versement de rentes. Bien que toujours renseignée comme terre de Brabant, elle relèvera jusqu'au XVIIes. de la Cour allodiale de Liège de la même façon que Saive. (Ed. Poncelet)
En 1509, Martin de Franche de Melin acquiert la cense fortifiée de la Motte. Le domaine demeurera dans cette famille (“de la Motte”) pendant près de quatre siècles.
Les Délices du Pays de Liège
Oeuvre monumentale publiée par Pierre Lambert Sauméry entre 1739 et 1744.
Extrait concernant le château de Bellaire (t3-p274)
(Orthographe adaptée pour la compréhension)
Page de garde du troisième tome
En marchant l’espace d’une petite lieue du côté du Nord entre des monticules soigneusement cultivés, on parvient à une plaine élevée, d’où la vue s’étend d’un côté sur les riches Coteaux qui bordent la Meuse ; et de l’autre sur les fertiles collines de l’abondant Pays de Limbourg. C’est à l’extrémité de ce riant terrain qu’est bâti le Château de Bellaire-la-Motte, dont les Bâtiments aussi réguliers que brillants, forment un des plus charmants objets de cet admirable paysage. Un verger très spacieux et bien arboré, qui forme un carré long, fait face à son entrée qui répond à un pont de pierre, et regarde l’Occident. Deux corps de logis oblongs, bâtis avec solidité et d’une grande beauté, enferment une basse-cour vaste et fournie de tout ce qui peut être de quelque utilité à la Campagne : elle est toute environnée d’une large terrasse et d’un fossé d’eau vive. Sa face Orientale est bordée du même fossé qu’on traverse sur un pont-levis pour passer à un grand et magnifique pavillon qui fait le logement des Maîtres. Ce même fossé qui environne le pavillon, le sépare d’un Jardin fermé de deux hautes murailles qu’on y a élevées pour multiplier les espaliers, et orné de tout ce qui peut contribuer à satisfaire les yeux et le goût. Le plan de ce pavillon est partagé en six belles pièces, qui reproduites en trois étages sans les offices, font un nombreux et magnifique logement.
Ce château, après avoir été l’un des biens de l’échevin de Rossius, est parvenu à sa petite-fille Marie-Marguerite de Rossius de Bellaire, qui a épousé Monsieur Michel Baron de Rosen, échevin de la souveraine Justice de Liège, Seigneur de Dilzen, Niel, Lankelaer, Mottenhove, etc. qui a fait entièrement construire tous les Bâtiments dont nous venons de parler. A ce château sont annexées les Seigneuries de Bellaire, la Queue de Bois, etc.
La construction du château actuel
Vers la moitié du XVIIe siècle, la propriété échoit à la famille Rossius. Marie-Marguerite de Rossius était Dame de Bellaire et de la Queue-du-Bois en 1691. Elle épouse en 1709 le Baron Michel de Rosen, échevin de la souveraine justice de Liège. C’est à lui que l’on doit la reconstruction du château (1709-1714) sur des fondations remontant au début du XVIIe siècle. (Un manteau de cheminée dans les caves mentionne la date 1634).
Façade principale et drève - Carte postale (v.1930)
La famille Grady de Rosen, Seigneur de Parfondvaux, Bellaire et Queue-du-Bois, l'habitera jusqu'à la fin de l'ancien régime. Le domaine restera la propriété des “de Rosen” jusqu’en 1872. C’est à cette date qu'Armand de Neuville, époux de Caroline Loërsch achète la propriété. Il était le fils du bourgmestre Pierre-Denis de Neuville de Petit-Rechain et fondateur du charbonnage de Marihaye. Il va Agrandir les constructions par l'adjonction des quatre tours (deux au château et deux aux dépendances) et restaurer les douves à la fin du XIXe siècle.
Son fils, dénommé également Armand de Neuville n'ayant pas eu de descendance, c'est son neveu Armand-Léon Prion qui héritera du domaine. Ses descendants (famille Prion Pansius) poursuivront le développement de la propriété pour lui donner l’aspect actuel. Ils l’occupent toujours.