Quelques faits divers
Malgré son succès populaire, le tram de Barchon a fait peu parler de lui durant ses presque 60 ans d’exploitation, si ce n'est à l'occasion de rares accidents. La presse (notamment le journal « La Meuse ») ne relate que quelques accidents graves en lien avec la ligne vicinale.
De par la double configuration de celle-ci, la plupart des incidents se déroulèrent sur le réseau urbain plutôt que dans la traversée des campagnes.
Ainsi, dès la mise en circulation, on dénombra plusieurs collisions entre tramways, notamment en 1901 : Venant du pont des Arches, un tram de la ligne Est-Ouest fut tamponné par le tramway vicinal Liège-Barchon (Le choc violant fit une dizaine de blessés). Idem en 1907 quasi au même endroit, toujours avec le tram Est-Ouest. Suivirent divers accidents : en 1910 à Jupille avec un attelage faisant des blessés et en 1911, rue des Bonnes-Villes, avec un camion.
Plus tard, en 1927, devant l'hôpital de Bavière, la collision plus spectaculaire que grave, entre le vicinal et une motrice de la ligne 4. En 1930, à l’extrémité de la section urbaine, rue du Couvent à Jupille, deux trams se tamponnèrent violemment suite à une erreur de signalisation (La collision fit 5 blessés).
Moins graves mais sans doute très spectaculaires, se produisirent dès 1910, des incidents liés au matériel électrique équipant la ligne en ville, tels la rupture d’un fil de garde. Celui-ci en se brisant heurta la toiture du tramway puis passa devant les vitres de celui-ci dans des gerbes d’étincelles qui « causèrent parmi les voyageurs un court moment d'émoi » ! Souci semblable en 1911 près du pont de Bressoux.
Le pire se produisit de rares fois, lorsque des personnes furent mortellement fauchées par le tramway. Ce fut notamment le cas en 1905 rue Chafnay à Jupille ou plus tard, en 1936, devant l’hôpital de Bavière, ne laissant aucune chance de survie au malheureux distraits.
En dehors de l’agglomération liégeoise, il s’agira le plus souvent de déraillement comme en mars 1906 à Saive, au niveau du grand remblai fraîchement érigé à proximité du vieux château. Une locomotive « sauta » des rails et « s’enfonça dans les terres, se couchant sur le flanc ». Celle-ci remorquait 6 voitures et ce fut « un vrai miracle » que le déraillement ne fit qu’un blessé grave (le chauffeur). En 1927, c’est un wagon chargé de cruches de lait qui dérailla à Barchon. D’autres suivirent mais sans gravité.
La traversée des campagnes sera malgré tout aussi endeuillée lors d’accidents plus sérieux. Comme sur le réseau urbain, des piétons furent fauché mortellement notamment encore en 1906, un homme âgé fut tué après avoir été percuté et traîné sur une distance assez longue toujours dans la traversée de la Julienne à Saive.
L’accident le plus important se produisit le 3 octobre 1934, à Barchon, près du hameau de Canada entre deux trams sur la voie unique dans le creux du Bacsay. Les deux convois (un passager et l’autre de marchandises) se heurtèrent violemment en faisant douze blessés dont six grièvement.
En 1936 à la Supexhe (Saint-Remy), un piéton fut fauché mortellement par un tram venant de Dalhem.
Il y eu aussi des télescopages au croisement de la ligne avec les routes des nombreux villages traversés. Ainsi, à Warsage en 1936, le tram vicinal fut percuté par un camion à hauteur du moulin Henry (Il le prit en écharpe et le traîna sur une dizaine de mètres). Les dégâts matériels furent conséquents mais il n’y eu pas de blessés graves malgré l’éclatement des vitres du tram. Autre accident à Bellaire en 1946, rue des Fèves (?), collision entre une motrice du tramway et un véhicule hippomobile. Sous le choc un cheval fut tué.
Les deux guerres apportèrent également des incidents, notamment vers 1944, la chute d’un V1 aux environs de la rue Chafnay, provoquant une panique sur la ligne vicinale (Lire le récit de Marie Ernotte).
En conclusion, une petite anecdote publiée dans LA MEUSE en 1905 ...
Abandon progressif de la ligne
Malgré de constants travaux de réparation (faits de guerre) ou de modernisation (autorail, tramway électrique), la complexité et le coût d’exploitation de ce mode de transport sur rails et la concurrence des autocars privés, vont amener la S.N.C.V. à abandonner progressivement le tramway au profil de l’autobus.
D’abord limitée à Dalhem en 1942 suite au démontage par l’occupant des voies vers Fouron, la navette passagers (Autorail) est supprimée entre Blegny et Dalhem en 1948. La desserte passagers du tronçon dépassant Blegny est alors abandonnée à un transporteur routier privé.
La voie Dalhem-Fouron est rétablie en 1952 uniquement pour les marchandises (Le transport de charbon essentiellement).
Le 2 octobre 1955, c’est le reste du service voyageurs, entre Liège et Blegny, qui est arrêté.
Le transport de la houille entre le charbonnage de Trembleur et la gare de Warsage est maintenu jusqu'au 7 octobre 1960, date à laquelle un dernier convoi assuré par la S.N.C.V. rejoint la gare de Warsage.
De 1960 à 1980, l'exploitation du tronçon Trembleur-Warsage est repris par le charbonnage de Trembleur qui poursuivra le transport du charbon vers la gare de chemin de fer jusqu'à la fermeture de la mine.
En 1958, sur l’ensemble de l’ancienne ligne, les installations électriques sont déposées. Le démontage du reste des équipement sera par la suite progressivement effectué pour s’achever par l’enlèvement des voies.