Le XIXe siècle

Département de l'Ourthe -
An 12 de la République Française

Au début du XIXe siècle, comme l' ensemble de l' Europe occidentale, le Pays de Liège va vivre sous occupation française (intégré en partie dans le département de l'Ourthe, future province de Liège) . Dès 1796, les français mettent en place une administration civile (bien difficile à organiser dans une région où l'instruction publique n'existe pas encore) et Saive est érigé en Commune avec à sa tête un maire. De grands recensements des biens et personnes sont menés (Ainsi Saive en 1811 compte 196 habitations et 765 habitants). Ils vont faciliter la conscription (service militaire obligatoire) pour alimenter en hommes les armées d'un certain Bonaparte. Cela va se traduire par une misère effroyable dans une population privée de bras mais aussi de bêtes de somme et d'une bonne partie des maigres récoltes (réquisitionnées pour les armées).


En 1815, la défaite de Napoléon fait basculer nos territoires sous le Régime hollandais. En 1823, l'ancienne seigneurie de Parfondvaux est rattachée à Saive. Enfin en 1830, la Belgique acquiert son indépendance. Son statut de pays neutre va rapidement booster son économie qui va se développer et se diversifier tout au long du siècle. Il en ira de même pour Saive.

Cadastre primitif de la commune de Saive - 1809

Le Mosty entouré de vergers vers 1930

A la fin de l' Ancien Régime, cela fait des siècles qu'il ne reste plus grand chose des anciennes forêts. Leur défrichage [Sarthe = ancien français «essarter» = défricher] a laissé place à l'agriculture (Cultures de céréales : épeautre, seigle, avoine et orge principalement) et l'élevage (des vaches laitières aux chevaux) dont la production de lait, beurre et fromage est vendue sur les marchés régionaux.
Autre tradition ancestrale qui va façonner les paysages : l' exploitation de grands vergers plantés d’arbres fruitiers à hautes tiges (Pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers) qui débouche, en plus du commerce des fruits, sur la production de sirops.
La culture des fruits et légumes se répand modestement sur de petites parcelles («courtils» = Petit jardin attenant à une maison de paysan). Il est à noter que la vigne sera également cultivée vers le XVIIe s. sur les coteaux du village (notamment près du vieux château). Des brasseries (au hameau de Chefneux et à la Haute-Saive) existeront aussi épisodiquement entre les XVIe et XIXe s.

Cruches de lait - v.1970

Dès le XVe s. (Fosse Saint-Pierre, 1447), une première forme d' industrie se développe au village avec l' exploitation de la houille (la fameuse «terre qui brûle») sous la forme de petites bures (Mines constituées d' un trou vertical et de quelques petites galeries, notamment d'évacuation des eaux) réparties sur tout le territoire.

Le ruisseau Sainte-Julienne et son affluent, le ruisseau d’Évegnée, par leur force motrice, vont permettre l' implantation, en plus des anciens moulins à grains, de premières manufactures dès avant le XVIIIe s., telles que des forges (alimentant de premiers cloutiers) et surtout des fouleries (Confection de draps de serge, grosse laine tissée). Notons que le travail de la laine (filage, tissage) est présent dans beaucoup de ménages en complément des travaux agricoles.

Hameau de Saivelette - Le moulin (fin du XIXe s.)

Au XIXe s., ces premières fabriques centrées sur l' industrie du textile et du fer, vont prospérer. Ce développement économique va entraîner la première urbanisation du village (Mosty, rue Haute et Haute-Saive). Les cloutiers toujours plus nombreux (regroupés pour certains en de petits ateliers pouvant compter une dizaine d'ouvriers), mais aussi les ferronniers et surtout les platineurs (Ouvrier qui usine la platine d'une arme à feu) se multiplient. Ces ouvriers travaillent pour le compte de marchands-fabricants ou vendent leurs produits directement sur les marchés. Par contre, l' exploitation des petites houillères (mines de charbon souvent gérées par des particuliers) semble avoir cessé sur le territoire de Saive (A l'inverse des communes limitrophes avec les charbonnages de Cheratte, Trembleur ou Queue-du-Bois en plein développement).

Le tram vicinal (v.1900)

La seconde partie du XIXe s. verra l'arrivée des premiers équipements collectifs avec la création de l'école communale (Implantée rue Haute en 1863) ou la connexion au réseau des chemins de fer Vicinaux (SNCV - Ligne 466 Liège-Barchon) à partir de 1898.

Sources :
Edouard Poncelet, La seigneurie de Saive, extrait du Bulletin de l'institut archéologique liégeois - tome XXII, 1891
Micheline Demars-Housset, Saive au XIXe s. sous le régime français, Éditions de la Province de Liège, 2014
Georges Abraham, Promenade historique à Saive - Notes de Toponymie et d'Histoire, 2ème édition, Blegny-Mine, 1996

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