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Petit historique |
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Les
Origines |
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Le
nom "Saive", du latin "silva" signifie forêt.
A l'origine l'ensemble du Pays de Herve était couvert
d'une vaste et dense forêt dont ne reste plus, à l'heure
actuelle que le massif forestier de l'Hertogenwald (bien plus à l'est).
Saive
fut donc à l'origine une clairière au centre
de cette vaste étendue boisée. Un grand nombre
de noms de lieux environnants rappellent d'ailleurs la présence
de celle-ci.
Pendant
des siècles les habitants vont entreprendre de défricher
cette forêt pour la transformer en terre de culture
et d'élevage. Progressivement l'aspect des collines va évoluer
en fonction du développement
de l'agriculture.
Ainsi
va apparaître la typologie classique du Pays de Herve, à savoir
de grandes exploitations agricoles très diversifiées
centrées sur d'imposantes fermes à cours carrées
et au corps de logis souvent en pierre et sur plusieurs niveaux.
(Signe évident de la richesse de ses exploitants). |
Paysage du Pays de Herve |
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La Seigneurie
de Saive |
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La
première mention connue du village se trouve dans la "Chronique
des Évêques de Toul". Elle
décrit que l'évêque Lugdelmus, élevé à ce
siège en l'an 895 acquit des terres notamment dans la "villa" de
Saive. Mais la première date précise remonte au 1er septembre
1279. Il s'agit de l'acte de fondation de la paroisse (Charte de l'évêque
de Liège, Jean d'Enghien) dans lequel sont énumérés
les biens de l'église de Saive notamment des terres joignant
au grand vivier devant le château féodal (Castrum) et
le vieux moulin (ante molendinum) le long de la Julienne.(Ed.
Poncelet)
A cette
date, la seigneurie de Saive dont l'origine est inconnue, devait
appartenir à la famille de Jupille. Elle était une
seigneurie allodiale faisant partie du quartier d'Amercoeur, un des
quatorze quartiers de la Principauté de Liège. De ce
fait, elle dépendait directement de la seule cour de justice de Liège
ainsi que de l'autorité directe de son prince-évêque (au contraire
des villages avoisinants).
Extrait de la carte
de la Principauté de Liège
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Elle le restera jusqu'à la fin de l'ancien régime,
marquant la frontière Est du territoire liégeois, face
au duché de Limbourg (dépendant lui du duc de Brabant puis
des Pays-Bas).
Les
terres de Saive passeront aux mains d'un grand nombre de familles
qui se succéderont d'une façon pas toujours amicale comme
résidents du vieux château. Plusieurs
fois, auront lieu de véritables luttes armées pour la possession
de la seigneurie. Notamment, à la fin du XVe siècle, elle sera au coeur
de
la guerre civile qui va ravager le Pays de Liège. Elle verra s'opposer
l'évêque, le peuple et la famille "de la Marck" (Guillaume
et son frère Everard).
Suivra, un peu plus d'un siècle plus tard,
la rivalité sanglante entre les familles "de Monsen" et "de
Fléron".
A partir
du XVIe siècle, une nouvelle forme d'économie va se développer au
village avec l'exploitation de quelques
mines de charbon (Saivelette) et
l'apparition de petits ateliers de cloutiers, ferronniers et fabricants d'armes.
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L'essentiel
des activités demeurera toujours, cependant, centré sur
les produits des nombreuses fermes (les moulins et laiteries
vont se multiplier tout le long de la Julienne). Il est à noter
que la vigne fut cultivée pendant quelques temps. Une
brasserie existera également durant des décennies.
Dés le commencement
du XVIIe siècle, l'influence des
seigneurs de Saive va peu à peu être contrebalancée par celle
de la famille "de Méan" qui va acquérir un grand nombre de biens
au village et racheter la seigneurie en 1692.
Derniers
propriétaires
du château féodal, les comtes de Méan finiront par
l'abandonner au XVIIIe siècle, préférant
leur nouveau château
de la Haute Saive. (voir historique du
vieux château)
C'est là
que naquit le dernier prince-évêque
de Liège
(François-Antoine de Méan), qui deviendra le premier
archevêque de Belgique. (voir
histoire de la
famille de Méan dans
Saive d'antan)
La
chute de l'ancien régime, dans nos contrées, durera
de 1789 à 1795 et le village aura à en pâtir
lourdement. Les châteaux seront plusieurs fois pillés
et les campagnes ravagées par les différentes armées
qui les traverseront. |
Vue
panoramique du village des hauteurs
du vieux château
au XVIIIe s.
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
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Les
Temps Modernes (XIXe siècle) |
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Extrait du plan cadastral du
XIXe s. (voir annexes Plan
Popp ) |
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Au
début du XIXe siècle, la seigneurie sera érigée
en commune et son importance ne fera que croître. Une statistique
de 1811 mentionne cent quatre-vingt-seize habitations et sept cent
soixante-cinq habitants. (Thomassin-Ed.
Poncelet)
Elle se verra
adjoindre entre-autres l'ancienne seigneurie de Parfondvaux (1823) .
Le
développement économique va entraîner
la première urbanisation du village (Mosty, rue Haute et
Haute Saive). En plus des fermes et leurs produits, une petite
industrie va se développer à partir des premières fabriques des
siècles précédents. L'industrie du drap et celle du fer, déjà
représentées, vont prospérer (quelques fouleries étaient établies
sur la Julienne). Les cloutiers et platineurs toujours nombreux vont
se maintenir juqu'au XXe s. à la différence des houillères de Saivelette
dont l'exploitation semble avoir cessé.
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Les
deux guerres - 1914-1944 |
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Un
siècle durant, la région profitera pleinement
d'une paix qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Elle en profitera pleinement pour continuer sa croissance. Elle sera connectée au réseau des chemins de fer Vicinaux à partir de 1898.
Et puis
viendra ce mois d'août 1914, début de cette "Grande
Guerre" effroyable boucherie, où nos campagnes
(comme trop souvent) serviront de champ de bataille. Les
conséquences seront désastreuses pour la plupart
des communes avoisinantes (Barchon, Blegny,
Soumagne, ...). Les massacres de civils et destructions en
tout genre se répéteront à chaque fois.
Saive toutefois échappera au carnage grâce au
bourgmestre Henri
Ancion et à sa connaissance de l'allemand qui dissuadera les
Teutons de s'en prendre aux civils. Il évitera la déportation d'ouvriers
en falsifiant leurs papiers et aidera des prisonniers russes évadés.
Rappelons également, les combats de la campagne de Rabosée où une poignée de soldats belges bloqueront l'avancée de
l'armée allemande pendant quelques heures, la forçant au repli
vers Hermalle. |
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Convoi de ravitaillement (rue des châteaux) v.1914 |
L'exécution du curé, du bourgmestre et les frères
Hacquin. Blegny le 16 août 1914. |
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Les Gens de chez nous |
Henri Ancion |
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Marie Ernotte raconte |
Le crash de l’avion américain
en 1944 |
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Marie Ernotte raconte |
Sur les Heids 44 |
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Jean Rassenfosse et Germaine Bozard entourés de deux américains
devant le chateau de Méan. |
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Durant l'entre-deux guerres, suite à la
reconstruction de la place fortifiée de Liège (ceinture de
forts tout autour de la ville), le village accueillera une grande caserne à la
Haute Saive.
(Le quartier
de Cuyper–Beniest des noms de deux officiers
tombés face à l'ennemi le 11 mai 1940.)
En mai 1940, à peine
remis du premier conflit, notre village est à nouveau plongé dans
les affres de la guerre. Pendant quatre ans, il va vivre replié sur
lui-même, dans la crainte des exactions de l'envahisseur.
Cela n'empêchera pas les plus courageux de rejoindre l'armée
secrète, au risque d'être fusillé (ce fut le cas à Rabosée
en1944). La ferme Lemlyn servira,
pendant un temps, de point de chute pour les résistants de la région.(Voir
le récit sur Jean
Lemlyn).
Le vieux château sera, quand à lui, le refuge d'un
résistant de marque: le professeur et dramaturge liégeois Charles-Henry
Derache. Le contact entre le proscrit et la résistance sera un élève
de son école, le futur poète wallon Nicolas Donnay. (G.
Abraham)
A Queue-du-bois, plusieurs familles cacheront des aviateurs américains
pendant des mois au péril de leur vie.
Guillaume Liégeois et deux libérateurs
(Sa famille cachera pendant de long mois
des aviateurs tombés dans nos régions) |
Aviateurs américains.
(Coin inf.droit: R. Murray caché
en 1944 à Queue-du-Bois) |
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La libération (sept. 1944) |
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La
Libération tant attendue, sera malheureu-
sement précédée
par de derniers drames comme l' explosion sur les Heids (voir
le récit de
Marie Ernotte) ou la mort à Queue-du-Bois de l' infortuné
aviateur américain Robert
Garrett abattu le 7 septembre par les derniers allemands qu'il
avait pris pour l'avant-garde américaine.
N'oublions
pas non plus la résistance qui durant ces derniers jours, va
payer un lourd tribut à son engagement au coté des Alliés, notamment
lors de la prise et l' incendie du château de Forêt. (voir le récit de Marie
Juvigné, ci-contre) |
Les ruines du château de Forêt,
incendié par
les allemands
le 6 sept. 44
coûtant la vie à des dizaines de résistants. |
Enfin,
le village sera libéré le dimanche 10 septembre
par des éléments (33rd field artillery battalion)
de la 1ère Division d'Infanterie américaine (la fameuse
Big Red One) fonçant droit vers Aix-la-Chapelle qu'elle
finira par prendre fin octobre. Pendant des semaines, le village
sera traversé par des unités alliées. Un petit
aérodrome sera même installé dans les
prairies, près de la ferme Colin (f. du pihot). Il sera
essentiellement utilisé par des avions de reconnaissance. |
Laurette Blistin et Mariette Michel accueillant les premiers américains
(rue Haute) |
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Mais
l' euphorie de la libération sera de courte durée. Il
faudra enterrer les nombreux morts des derniers jours (les résistants
de Forêt et les villageois tués dans l' explosion de sur les
Heids. De plus,
les problèmes liés aux privations alimentaires et les rancoeurs
accumulées pendant quatre ans, créeront un climat
détestable qui va peser longtemps sur le village. |
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Marie Ernotte raconte |
Les robots |
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Pour plus de photos sur cette cérémonie,
voir la
rue Haute dans Saive d'antan. |
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L'époque
actuelle |
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Les Gens de chez nous |
Louis Arnolis |
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En
1976 suite à la fusion
des communes, Saive s'est dissoute dans l'entité de Blegny.
Depuis, l'urbanisation galopante gomme peu à peu
l'aspect rural de ce petit village, le transformant en une anonyme
banlieue
dortoir
de Liège.
Le village compte à ce
jour six bâtiments
classés (deux fermes, une maison, l'église et deux
châteaux) comme faisant partie du patrimoine architectural
du pays (le double du reste de l'entité !). Un patrimoine
en bien triste état et qui mériterait bien plus d'attention
de la part de nos édiles communales et régionales.
Les pages suivantes (saive
d'antan)
vont vous les faire découvrir en espérant vous sensibiliser à l'intérêt
de leur conservation. |
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