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Le
vieux château |
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Le site du vieux Château est à ce point exceptionnel que l' on peut supposer qu 'il fut occupé très tôt. Pour preuve, la présence d' un site préhistorique daté du néolithique non loin de là. En 1911 et fortuitement, fut découverte une sépulture mérovingienne dans un des fossés du château. Il faut pourtant attendre le XIIIe siècle pour trouver trace de l'existence du château dans un document écrit. (Charte de l'évêque de Liège, Jean d'Enghien - voir historique du village).
Nous pouvons en déduire que la construction de celui-ci débuta sans doute un ou deux siècles auparavant, par l'érection du donjon suivi de la construction de la haute cour. La basse-cour et la ferme dateraient du XVe siècle au plus tôt. Cet
ensemble, pur exemple de château médiéval
traditionnel, avait une importance stratégique considérable
car situé en territoire Liégeois face au duché de
Limbourg. Il gardait la vallée
de la Julienne et les routes environnantes. Sa position permettait
un contrôle visuel très étendu.
Sa
construction sur un épi rocheux dominant toute la
vallée garantissait sa défense. Son donjon,
haute tour de 10m de côté sur 20m de hauteur
hors toiture, lui donnait un aspect de forteresse imprenable. A
leur base les murs ont une épaisseur de deux mètres.
Aspect supposé du
château
au XIIIe s. - P.Depaepe
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A coté de celui-ci se trouvait une haute
cour carrée. Une enceinte haute et renforcée de tours
rondes, la ceinturait complètement. Estampe de Bagelaar (1817),
représentant probablement l'accès Est du château,
d'après un dessin de Saftleven (XVIIe s.)
L'histoire
du vieux château de Saive se conjugue avec celle de la
Principauté de Liège. Il dépendait comme
sa seigneurie de la cour allodiale de Liège. Le premier
seigneur connu fut Jean de Jupille (chanoine de St. Lambert et
fondateur de la paroisse). |
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La haute cour encore ceinturée de ses murs
(Cliché exceptionnel de la fin du XIXe siècle)
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Durant le XIVe s. la famille de Charneux
lui succéda. Le premier de la lignée fut Gilles de
Charneux (chevalier et signataire de la Paix de Fexhe en 1316). Ensuite
viendront Frambach de Birgel (1416-1438),Arnold de Hoemen (1433-1451)
et Adam de Harff (1451-1458).
La
famille de Ryckel racheta la seigneurie en 1458. A partir de cette époque,
toute la région eut à souffrir de la guerre civile
qui dévasta la Principauté. Jean de Ryckel se mit au
service du sinistre Guillaume de La Marck dit "Le Sanglier des
Ardennes".
Le perron - symbole de l'appartenance
du château à la principauté de Liège
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Celui-ci, pendant de longues années (fin du
XVe s.), narguera le pouvoir des princes-évêques et
mettra les campagnes à feu et à sang.
Durant quelques temps son frère
Everard de La Marck occupera le château redevenu forteresse
de première importance (propriété de Adam de
Clermont à l'époque). Il s'en servira comme camp retranché pour
ses hordes de brigands jusqu'à ce que son frère soit
pris et exécuté.
Le
prince-évêque Jean de Hornes, de retour à Liège
en 1487 exigera sa destruction qui ne sera que partielle. Les
troubles apaisés, Arnold de Clermont relèvera la seigneurie
(1508) et la vendra à Josse Colloise (Qui est notamment connu
pour avoir favorisé l'exploitation de la houille à Saivelette).
Ses descendants, malgré des procès contre
la possession de ce titre, demeureront seigneurs de Saive jusqu'en
1590. |
Le château et ses remparts vers la fin du XIXe siècle |
Le donjon vu de la cour vers 1890 |
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Le
château fin du XIXe s.
Le donjon possède encore son toit.
A son pied, un petit train
qui longe la route du Grand Moulin.
Il amenait les matériaux pour la construction des forts de Barchon
et d'Evegnée entre 1880 et 1900. Il empruntait une voie militaire qui servira, en partie, d'assise au futur vicinal.
L'histoire n'est vraiment qu'un éternel recommencement. Le château
féodal à peine devenu ruine que l'on en construit de nouveaux
...
Cliquez sur l'image
pour l'agrandir
Plus de photos de la voie militaire
sur les pages du vicinal. |
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Le site vers 1890.
(Remarquez la toiture du donjon prête à s'effondrer) |
En
1590 arrive Mathieu de Monsen. Personnage hors du commun, il sera
poursuivi toute sa vie par des prétendants à la seigneurie
dont Gérard de Fléron.
On l'accusera d'avoir
enlevé de force sa future épouse Anne de Wesemael
(Dame de Tignée). Ses adversaires iront même jusqu'à faire
proclamer son excommunication (ce dont ses sujet de Saive se ficheront éperdument à commencer
par le curé de la paroisse). Il sera emprisonné dans les pires conditions à Maestricht
avant de se voir restituer son château.
Celui-ci sera réinvesti
par son adversaire, Gérard de Fléron en 1614 et il faudra les troupes
du prince-évêque pour l'en déloger.
La forteresse saccagée devra être en partie reconstruite.
(Nouvelles fenêtres, charpentes et quatre tourelles en brique aux angles
du donjon).
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Et
ce n'est pas tout. En 1622, Mathieu de Monsen doit fuir sa
maison de Tignée, mortellement blessé par les
partisans de Arnold de Fléron, fils de son défunt
adversaire. Il doit se réfugier à nouveau au
château où il finira sa vie reclus et protégé par
les habitants du village en 1629.
Son
frère Denis, n'aura
guère plus de chance que lui. Il sera assassiné en
1632. Le château et le village auront encore à subir
en 1636 le passage de troupes françaises. mais le reste
du XVIIe s. se déroulera dans une paix retrouvée.
La famille de Monsen conservera le titre de seigneur de Saive
jusqu'en 1692 et en profitera pour améliorer l'économie
du village. Aimés des villageois, ils apporteront la
prospérité. Le dernier Denis de Monsen, mort en
1670, est enterré dans le choeur de l'église de
Saive sous une belle pierre tombale. |
Le pied du château vers
1910 |
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Le donjon et les bâtiments voisins du moulin Outers
(fin du XIXe siècle) |
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Le site peu avant 1914. Le vieux
Moulin est toujours en activité. |
En
1692, la seigneurie de Saive sera vendue à Jean Ernest
de Méan (chanoine de Saint Martin à Liège).
Cette famille se fera construire un nouveau château (le
château des comtes de Méan) à la
Haute Saive et délaissera l'ancien (pourtant acquis par Pierre
de Méan en 1729). Celui-ci
cherchera pourtant à louer le vieux château. Une note de 1743 nous
informe qu'il possédait encore une cuisine, une vaste salle, une chapelle,
plusieurs chambres, une cour entourée de murailles et séparée
de la ferme et deux jardins contigus. Mais il ne trouvera malheureusement pas
d'acquéreur. Ainsi abandonné, il tombera peu à peu en ruine.
La toiture du donjon s'écroulera au début du XXe siècle. |
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L' entrée vers la basse cour
où arrivait le chemin venant
du centre du village. © IRPA-KIK - 1943
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Seule
la ferme demeurera en activité jusqu'au départ de Monsieur
Volders son dernier exploitant. (Dont on disait que son rire particulièrement
sonore, causait à chaque fois la chute d' une pierre de la
tour.)
Ce beau vestige
d' architecture militaire médiévale
a été classé en 1971 grâce au dynamisme de l' asbl "Le
Vieux-Saive".
Il a été acquis en 1987 par M.et Mme Herrmann.
Ces férus d' histoire ancienne ont entrepris depuis de restaurer l' ancienne ferme et ses dépendances patiemment
et avec brio (et sans aucune aide publique !).
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En
conclusion, pour reprendre le souhait émis par Marcel Otte
(Auteur d' une étude de référence sur le château)
dès 1971, il serait grand temps que l' on s' occupe de la conservation
de ce précieux vestige, pièce maîtresse de notre
patrimoine.
Fin 2006, nos responsables politiques se sont enfin intéressé au devenir de notre vieux château. La volonté d' avancer semble être présente mais la tâche est immense. Croisons les doigts pour que le projet aboutisse.
Entre temps, des bénévoles ont créé
l' ASBL "Les Compagnons du Vieux Château de Saive" qui s' est donné pour objectif la conservation ainsi que la promotion des ruines du vieux château et du patrimoine local. |
La rampe d' accès vers la haute
cour et le donjon (2002) |
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