De
tout temps, les hommes ont su mettre en valeur les forces de la
nature tout en tenant compte de l'environnement. Ainsi, le long
de la Julienne, il y avait trois moulins à blé: le
moulin Devigne à Légipont, le moulin Outers au Grand-Moulin
et le moulin Lecloux-Dodémont au Mousset.
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J 'ai
bien connu ce dernier, sa roue à aubes est restée
longtemps contre le mur. Le débit de la Julienne était
suffisamment puissant car elle recevait, au Mousset, les
eaux du ruisseau d’Evegnée.
Pour faire tourner le moulin Lecloux, il y avait dans le Faury,
une vanne qui déviait le cours du ruisseau dans un bief
vers la roue à aubes. Pendant la dernière guerre,
Monsieur Hubert Lecomte, professeur à l'école technique
de Herstal, avait équipé le moulin d’un gazogène
comme il y en avait sur les voitures à cette époque.
Le moulin Lecloux s’est arrêté définitivement
dans les années cinquante.
Quant
au moulin Outers du “Grand moulin”, il a
cessé son activité bien des années
avant la seconde guerre. La vanne du déversoir
se trouvait à la sortie du Faury, près
du sentier. qui montait chez Volders.
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L'ancien moulin Lecloux en 1980 |
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L'ancienne roue à aubes du moulin Outers (v?) |
Le
bief passait au pied du vieux château pour arriver
sur la roue à aubes. Au pesage des sacs, il y avait
une grande balance à plateaux. Monsieur Outers avait
deux filles, dont la petite, Maria, était le contre-poids
idéal. Elle était mince et fluette. Elle
pesait 49 kilos 600. Comme les sacs pesaient 50 kilos,
le compte était bon. La différence, 400g, était
pour le meunier qui cuisait ses pains pour lui-même,
pour sa famille et pour les nécessiteux. Car, pour
lui, la solidarité n’était pas un vain
mot et il distribuait généreusement ses pains à tout
qui était dans le besoin. “Li moûnî Outers”,
se. plaisaient à dire les gens du coin, “c'èsteût
on vî brave ome! I n’soreû polu fé ritche
! II èsteut ossi bon qu’iI pan qui magnive
!” Et ce n’est pas Madame Yvonne Rombaux-Maréchal,
la nièce de Maria “dè molin Outers” qui
nous contredira. Elle habite Haute-Saive et elle doit s’en
souvenir.
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Au
moulin de légipont, habitait Monsieur Pirotte et sa
famille. (II fut garde-champêtre auxiliaire après
la mort de Monsieur juvigné, tué par un robot.)
Quelques mois avant la libération, les Allemands avaient amené à la
caserne de Saive, des prisonniers de toutes nationalités, russes, polonais...
Il y avait même deux Sénégalais. Ceux-ci parvinrent à s’évader.
Jamais, les Allemands ne réussirent à les rattraper. Pourtant,
ce n’était pas évident pour deux noirs de passer inaperçus.
Et, à la libération, à la stupéfaction générale,
on vit réapparaître deux grands diables à la peau sombre
qui riaient de toutes leurs dents. Ils sortaient de la “houtche” du
grenier à blé du moulin Devigne.
Ce fut une des surprises de la Libération. II y en eût
d’autres, mais de moins gaies. Mais cela, c’est une autre histoire.
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Le moulin Devigne à légipont
(v.1930?) |
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(Rappelons qu'il existait
un quatrième moulin à Saivelette, fort ancien (XIIIe
siècle) et qui fut en partie démoli lors de la construction
de l'autoroute.) |
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